la cité

Saint-Martin,
le berceau de la ville

Saint-Martin-lès-Aire était bien connu des voyageurs au temps des diligences, tout autant que Lambres-lès-Aire, pour y avoir été immobilisés et avoir dû passer la nuit à l'auberge, lorsqu'ils étaient arrivés après la fermeture des portes de la ville d'Aire-sur-la-Lys.

 

Saint-Martin est un mont, c'est à dire qu'il occupe le rebord nord de la cuvette au fond de laquelle se trouve la ville d'Aire-sur-la-Lys.

de Melomodium à Saint-Martin

 

Les chroniqueurs de l'ancien temps situent à Melomodium la villa Aria qui est à l'origine du nom de la ville d'Aire-sur-la-Lys. Avant même qu'Aire-sur-la-Lys fut, la villa Aria existait. Une villa était, aux époques gallo-romaine et mérovingienne, une exploitation agricole importante, employant un nombreux personnel, esclaves ou serfs, et organisée comme une collectivité se suffisant économiquement à elle-même.

Cette grosse villa eut très tôt, semble-t-il, son église. Qu'elle fût dédiée à Saint-Martin est la preuve même de son antiquité. Son existence est avérée dès le IXe siècle.

Comme cela arrive souvent, l'agglomération prit le nom du patron de l'église et Melomodium devint Saint-Martin ou Mont Saint-Martin.

C'est vers 1170 seulement que l'église Saint-Pierre du chapitre étant achevée devint paroisse par démembrement de celle de Saint-Martin qui couvrait toute la région.

 

les églises succéssives

 

L'église primitive se trouvait dans l'enceinte de la villa dont les bâtiments occupaient le long de la route d'Aire-sur-la-Lys à Saint-Omer, les terrains où se trouve actuellement le cimetière.

Une nouvelle église fut construite, en 1727, plus au nord, à l'intersection de la route de Saint-Omer et du chemin qui mène à la ferme de Saint-Martin. Nous avons pu trouver aucune représentation, ni description de cette église.

L'Assemblée constituante ayant décidé la vente au profit de la Nation des biens ecclésiastiques, l'église de Saint-Martin fut vendue au prix de 49 000 F à un citoyen d'Aire-sur-la-Lys, Joseph Lourdel, qui en entreprit aussitôt la démolition.

 

la maladrerie

 

Un gentilhomme originaire d'Angleterre, nommé Obert de Saint-Englebert, s'était établi au Mont Saint-Martin. Ce gentilhomme qui avait été reçu bourgeois d'Aire-sur-la-Lys, était devenu ladre, c'est à dire lépreux, et, malgré sa qualité, devait vivre à 'écart, car on considérait alors la lèpre comme contagieuse.

On estime qu'il est le fondateur de la maladrerie d'Aire-sur-la-Lys car, à sa mort, il légua sa propriété du Mont Saint-Martin pour l'hébergement des " pauvres ladres bourgeois de la ville d'Aire ". On pense que cet établissement est antérieur à l'an 1200 et donc qu'il est contemporain de la naissance de la commune d'Aire-sur-la-Lys.

La maladrerie se composait d'un bâtiment où se trouvaient les chambres des ladres, un jardin, une chapelle, le tout enclos d'un mur de pierre. Les lépreux recevaient de quoi vivre, si bien que dans les temps de grande misère, les médecins devaient déceler les faux lépreux à la recherche d'un gîte et d'un couvert.

La maladrerie dépendait de l'échevinage. Entre 1300 et 1550, le nombre des lépreux hébergés diminua des trois quarts. Ils n'étaient alors plus que cinq. L'établissement subsista cependant jusqu'en 1672, bien que dépeuplé. Il fut alors rattaché à l'hôpital Saint-Jean-Baptiste et les bâtiments disparurent.

L'administration royale après la conquête française, en 1676, prétendit que les biens de la maladrerie devaient être affectés à l'Ordre se Saint-Jean de Jérusalem, comme dans le reste du royaume. L'échevinage porta l'affaire devant le Parlement de Paris qui lui donna raison. Le roi de France devait respecter les décisions du roi d'Espagne, souverain légitime avant la conquête.

 

le cimetière

 

Jadis les morts devaient être enterrés en terre chrétienne autour des églises, les personnes de qualité étant seules inhumées à l'intérieur des églises. Cela présentait de graves inconvénients dans les villes, du fait de l'accroissement de la population.

Les deux cimetières d'Aire-sur-la-Lys intra-muros, celui de Notre-Dame et celui de Saint-Pierre, le premier était source de " puanteurs atroces ", selon les rapports de police, d'autant plus qu'il se situait au point le plus bas de la ville, inondé tous les hivers.

Dès 1776, l'administration royale ordonna la suppression des cimetières urbains. L'échevinage d'Aire-sur-la-Lys décida, en 1788, d'affecter les terrains de Saint-Martin appartenant à l'hôpital à la création d'un cimetière communal.

 

un riche terroir

 

Le Mont Saint-Martin exposé au soleil et aux vents, est un riche terroir de 445 ha. De nombreux moulins à vent s'y dressaient pour moudre le blé et écraser les graines de colza. Ces deux cultures couvraient le plateau et, sur les côtes, on cultivait la vigne.

Il est vrai qu'au Moyen-Age on buvait un verjus que nos gosiers ne supporteraient plus. Un sergent-messier veillait à ce que l'on respectait les cultures.

Jusqu'à la révolution, l'hôpital Saint-Jean-Baptiste était propriétaire d'un grand nombre de parcelles, venant des legs faits par les habitants. Sous la Convention, les hôpitaux, durent vendre tous leurs biens fonciers et vivre des subventions de la république. Ils furent évidemment ruinés.

Aujourd'hui de chaque côté de la route (RD 943), des bâtiments industriels ont remplacés les cultures.

Mais il faut rappeler, Saint-Martin, a été le berceau de la future ville d'Aire-sur-la-Lys, avant que les habitants ne s'agglutinent auprès de castrum féodal, au confluent de la Lys et de la Lacquette, au centre de la cuvette airoise.

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