architecture industrielle

l'usine de céramique

Les anciens établissements Louis Delsalle, créés après le démantèlement des fortifications et situés rue du Fort Gassion, furent acquis le 2 juin 1921 par les membres de la famille de Monsieur Elby, propriétaire des mines de Bruay.

 

Ces derniers fondèrent la société anonyme « la Céramique d’Aire-sur-la-Lys » qui devint rapidement la plus importante entreprise de la ville. Elle développa sous cette nouvelle dénomination la fabrication d’appareils sanitaires conjointement à une production déjà ancienne de tuyaux en grès vernissé utilisés pour les canalisations.

Elle employait, en 1958, 263 ouvriers et entretenait des relations commerciales très étroites avec de nombreuses petites entreprises de la commune, telle la chaudronnerie Robbe et la scierie Doutrelant.

 

En 1961, la Céramique d’Aire-sur-la-Lys fusionne avec la Société des Grès d’Artois à Beugin-La Comté et se lance ainsi dans la fabrication de dalles en grès flammé. Ses produits sont exportés dans toute l’Europe et les pays d’Afrique du Nord. Cette expansion prendra brutalement fin le 22 septembre 1985, date à laquelle l’usine ferme ses portes. Cette décision provoquera de nombreuses manifestations dans la ville.

L’usine de céramique est constitué d’un ensemble de bâtiments disparates qui se sont juxtaposés les uns aux autres selon les nécessités de modernisation de l’entreprise. Quatre unités de production ont ainsi successivement été créées sur 7,4 hectares de superficie. De nombreuses années durant, la terre réfractaire était acheminée par trains en provenance de Nabringhem dans le Boulonnais ou par péniches venant de divers pays d’Europe et notamment d’Allemagne. La ligne de chemin de fer qui pénétrait à l’intérieur de l’usine a aujourd’hui disparue, remplacée par le sillage des camions.

Le logement et les bureaux de la direction ont été installés dans une demeure construite à l’entrée de l’usine vers 1930.

 

Les transformateurs étaient abrités dans une petite construction de plan massé non loin de laquelle se dresse la cheminée de l’un des fours, haute de quarante deux mètres.

A proximité, se trouvait le château d’eau de l’entreprise, alimenté par un puits artésien.

Dans la partie la plus anciennes de l’usine, aujourd’hui désaffectée, s’organisaient différentes salles à fonction bien définie: salles de triage et fabrication, de coulage et de modelage, salle des meules, laboratoire... De part et d’autre du bâtiment à double pignon percé d’oculi et à usage de séchoir, se trouvent encore les six fours circulaires et le four Padel.

A l’origine et jusqu’à la création du four tunnel, céramique d’Aire sur la Lys utilisa la méthode du moulage pour la fabrication des tuyaux en grès. La terre transformée en pâte malléable était moulée manuellement autour d’une forme. Par la suite, lorsque l’entreprise s’orienta vers la production de sanitaire blanc, on procéda au coulage de l’argile liquéfiée ou barbotine, obtenue par le mélange eau argile, feldspath, chamotte fine et réactifs chimiques.

Les recherches de couleurs et de pâtes pour la fabrication des engobes et les émaux se faisaient dans le laboratoire et les formules utilisées étaient précieusement gardées secrètes par l’entreprise.

 

Dans la salle voisine du laboratoire étaient préparés l’engobe obtenue à base de kaolin ainsi que l’émail. On y trouvait divers instruments ou machines, tels que des lessiveuses ou délayeurs, des tamis, des tonneaux en bois contenant, par exemples, de l’oxyde d’étain, et des broyeurs Alsing.

Ces derniers étaient des cylindres mobiles fixés sur des assises en béton, contenant des galets de plage.

Les préparations d’émaux et d’engobes y étaient versées pour y être retournées et broyées pendant près de neuf heures.

Jusqu’en 1960 l’engobe et l’émail étaient posés au pinceau, en plusieurs couches sur les produits séchés avant leur passage aux fours. Par la suite, avec des formules de préparation nouvelles, l’usage du pistolet fut adopté.

Ces engobes et émaux réalisés à la Céramique d'aire sur la Lys permettaient à l’entreprise de pratiquer la mono-cuisson ce qui représentait un gain de temps et d’énergies considérables.

Les premiers fours ou fours moufles, au nombre de quatre, datés de 1911, ont été peu à peu abandonnés car ils ne permettaient pas une production en séries. Ils étaient encore utilisées dans les années 1920 pour la fabrication de sanitaire blanc. Ils possédaient une double voûte à l’intérieur de laquelle circulait le feu.

 

Six fours circulaires fonctionnaient jusqu’à une période récente. On y cuisait les tuyaux de grès vernissé et, par la suite, les dalles en grès d’Artois (10 000 dalles de 30 x 30 par four). De huit mètres de diamètre, avec des alandiers répartis régulièrement sur le pourtour, ils étaient munis de huit foyers. Leur voûte s’ouvrait sur un conduit central. Après l’enfournement des produits, les entrées étaient murées par les deux cloisons de briques réfractaires séparées par un lit de sable. Dans chacun des foyers, était versé (après 72 heures de cuisson jusqu’à 125° C), du sel marin qui par sublimation, permettait d’obtenir l’aspect vernissé.

Vers 1926 on construisit pour la fabrication du sanitaire un four tunnel de 80 mères de long selon les plans de l’ingénieur italien Silvani. Les produits s’y déplacent d’un bout à l’autre du tunnel pendant 72 heures, sur un train de chariots placés sur des rails et mus par des câbles. Ce four, actuellement d’une longueur de 100 mètres, a été remis en fonction en novembre 1989 pour la fabrication de briquettes.

 

Vers 1930, un four Padel à huit ouvertures sur chacun des longs côtés, fut mis en place pour développer la fabrication des tuyaux de grès. Il s’agissait d’un four à feu fixe et produits fixes où la cuisson était pratiquée de manière intermittente.

 

En 1964 et 1970 deux unités supplémentaires furent créées comprenant deux nouveaux fours tunnel d’une taille plus modeste. Ce type de four, seul, est encore utilisé.

En mai 1986, soit huit mois après sa fermeture, elle est de nouveau remise en activité sous la dénomination actuelle « la Céramique de la Lys ». Désaffectant une partie des bâtiments, cette société s’est orienté vers de nouveaux types de production : la briquette de cheminées à foyer ouvert, le pavage de sol en céramique, la briquette de revêtement et de décoration.

 

Le 26 juillet 2000, l'usine de la Céramique, ferme définitivement, et la production est transférée à Beugin-La Comté.

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